La comtesse de charny - tome v (les mémoires d'un médecin) by Alexandre Dumas

La comtesse de charny - tome v (les mémoires d'un médecin) by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Action & Aventure
Publié: 1855-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 21

Valmy

Et, maintenant, pour un instant, détournons nos yeux de ces effroyables scènes de massacre, et suivons, dans les défilés de l’Argonne, un des personnages de notre histoire sur lequel reposent, en ce moment, les destinées suprêmes de la France.

On comprend qu’il est question de Dumouriez.

Dumouriez, nous l’avons vu, avait, en quittant le ministère, repris son emploi de général en activité, et, lors de la fuite de La Fayette, il avait reçu le titre de commandant en chef de l’armée de l’Est.

Ce fut une espèce de miracle d’intuition de la part des hommes qui occupaient le pouvoir, que cette nomination de Dumouriez.

Dumouriez était, en effet, détesté par les uns, méprisé par les autres ; mais, plus heureux que ne l’avait été Danton au 2 septembre, il fut unanimement reconnu comme le seul homme qui pût sauver la France.

Les Girondins, qui le nommaient, haïssaient Dumouriez : ils l’avaient fait entrer au ministère : lui, on se le rappelle, les en avait fait sortir ; et, cependant, ils allèrent le chercher, obscur, à l’armée du Nord, et le firent général en chef.

Les Jacobins haïssaient et méprisaient Dumouriez ; ils comprirent néanmoins que la première ambition de cet homme, c’était la gloire, et qu’il vaincrait ou se ferait tuer. Robespierre, n’osant le soutenir, à cause de sa mauvaise réputation, le fit soutenir par Couthon.

Danton ne haïssait ni ne méprisait Dumouriez : c’était un de ces hommes au robuste tempérament qui jugent les choses de haut, et qui s’inquiètent peu des réputations, tout prêts qu’ils sont à utiliser les vices eux-mêmes, s’ils peuvent obtenir des vices les résultats qu’ils en attendent. Danton, seulement, tout en sachant le parti qu’on pouvait tirer de Dumouriez, se défiait de sa stabilité ; il lui envoya deux hommes : l’un était Fabre d’Églantine, c’est-à-dire, sa pensée ; l’autre Westermann, c’est-à-dire, son bras.

On mit toutes les forces de la France dans les mains de celui qu’on appelait un intrigant. Le vieux Luckner, soudard allemand, qui avait prouvé son incapacité au commencement de la campagne, fut envoyé à Châlons, pour lever des recrues. Dillon, brave soldat, général distingué, plus élevé que Dumouriez dans la hiérarchie militaire, reçut l’ordre de lui obéir. Kellermann aussi fut mis sous les ordres de cet homme, à qui la France éplorée remettait tout à coup son épée, en disant : « Je ne connais que toi qui puisses me défendre ; défends-moi ! »

Kellermann gronda, sacra, pleura, mais obéit ; seulement, il obéit mal, et il lui fallut le bruit du canon pour en faire ce qu’il était réellement, un fils dévoué de la patrie.

Maintenant, comment les souverains alliés, dont la marche était marquée par étapes jusqu’à Paris, s’arrêtaient-ils tout à coup, après la prise de Longwy, après la reddition de Verdun ?

Un spectre était debout entre eux et Paris : le spectre de Beaurepaire.

Beaurepaire, ancien officier de carabiniers, avait formé et commandé le bataillon de Maine-et-Loire. Au moment où l’on apprit que l’ennemi avait posé le pied sur le sol de la France, lui et ses hommes traversèrent la France au pas de course, de l’ouest à l’est.



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